Traditionnellement, le concept de sécurité était basé sur une approche stato-centrique des relations internationales et défini en termes de menace militaire extérieure (on parlait alors plus de défense que de sécurité). Cependant, depuis la fin de la guerre froide, nous assistons à une évolution significative du concept de sécurité remettant en question l’approche traditionnelle fondée sur la place centrale de l’Etat.
Cette évolution s’est traduite par un élargissement du concept de sécurité. Compte tenu du contexte stratégique de l’après guerre froide et de la multiplication des acteurs internationaux, transnationaux et infranationaux impliqués dans des questions de sécurité, l’objet d’analyse a été élargi, en intégrant à côté de la sphère militaire d’autre types de menaces et à côté des Etats d’autres types d’acteurs. Ainsi s’est progressivement affirmée l’idée que l’on pouvait identifier plusieurs niveaux de sécurité qui recoupent la sphère militaire, mais aussi économique, humaine, politique, sociétale et environnementale, conduisant à une fusion du concept de sécurité « extérieure » avec celui de sécurité « intérieure ».
Cependant, l’évolution du concept de sécurité est loin de faire l’unanimité. En effet, si certains analystes considèrent que cette évolution conceptuelle est nécessaire pour répondre aux bouleversements du contexte stratégique de l’après guerre froide, d’autres critiquent la dilution du concept et estiment que son élargissement est excessif. De même, certains critiquent la notion de « nouvelles menaces » en remettant en cause leur caractère novateur par rapport à la période de guerre froide.
La Fondation aborde les questions de sécurité de manière interdisciplinaire et selon une acception élargie du concept de sécurité. Dans ce sens, la Fondation entend d’un côté favoriser l’échange d’idées sur les causes et la pertinence de l’évolution du concept de sécurité. De l’autre, en adoptant une approche élargie de la sécurité, la Fondation n’entend pas se limiter aux menaces émanant des acteurs étatiques, mais accorde une place importante aux menaces transnationales, telles que la criminalité organisée ou le terrorisme, et aux menaces environnementales, telles que le changement climatique.
De plus, la Fondation entend favoriser l’analyse des continuités et des discontinuités existant dans le domaine de la sécurité. Cette approche est novatrice, dans le sens où la Fondation étudie les questions de sécurité élargie en période post-guerre froide, mais aussi dans le cadre des périodes antérieures, menaces transnationales et intérêt pour l’individu n’étant pas apparu ex nihilo après la fin de la guerre froide.